Le début de la Guerre
L’assassinat de l’Archiduc François Ferdinand héritier austro-hongrois le 28 juin 1914 à Sarajevo par un nationaliste serbe met le feu aux poudres. L’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie le 28 juillet. Le jeu des alliances conduira à un embrasement progressif en Europe. Le 31 juillet, Jean Jaurès est assassiné. Le 1er août, la France décrète la mobilisation générale. Le 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France, puis à la Belgique.
A Petit-Couronne, en 1914, le village compte 914 Habitants et s'étend de part et d’autre des rues Pierre Corneille et Aristide Briand. Il comprend le hameau du "bout d'aval" situé au bord de la Seine dans l'enceinte de la future raffinerie. Sur ces 914 habitants, 150 sont mobilisés et envoyés rejoindre leurs régiments respectifs, soit 16% de la population. Les soldats couronnais sont disséminés sur tout le territoire dans différents corps d'armée. Ils prendront part aux hostilités où plusieurs d'entre eux perdront la vie, 41 exactement. Un livret vient d'être réalisé en leur mémoire.
Mais on le sait moins, la Ville de Petit-Couronne a été profondément marquée par un certain nombre d'événements qui eurent lieu pendant ou juste après la guerre.
Ville d'accueil
La place de l'église
Elle témoigne du séjour des soldats belges. Le 4 août 1914, l’Allemagne envahit la Belgique. Contre toute attente, le pays oppose une solide résistance et retarde l’avancée allemande mais les forces en présence sont déséquilibrées. Après les défaites de Namur et Dinant, les troupes belges refluent vers la France et reçoivent l’ordre de rallier le Havre où leur gouvernement s’installe à partir du 13 octobre. Le 23 août, la France est défaite à Charleroi. C’est le début de la Retraite : l’armée se replie en bon ordre mais au prix de marches harassantes.
Face au danger, le 29 août, les troupes anglaises installées à Rouen évacuent vers Saint-Nazaire. L’heure est grave. C’est dans ce contexte que 1 500 soldats belges du 10° de ligne séjournent dans la commune du 28 au 30 août. En témoigne la plaque commémorative de marbre gris apposée au mur de la sacristie de l’église.
Les familles réfugiées
Dès le début du conflit, des réfugiés belges et du nord de la France fuient leur domicile. Difficile de mesurer leur présence à Petit-Couronne mais l’effectif des écoles atteste leur présence. Il est en augmentation constante depuis 1915 et subit une forte hausse en 1918 où le nombre d’élèves passe de 92 à 170. En mars 1918, les Allemands tentent une ultime offensive d’envergure, ce qui implique une nouvelle vague de départs de civils. Des familles viennent des zones proches de la frontière belge telles que Maubeuge-sous-le-Bois ou Pont-sur-Sambre mais aussi du département de la Somme et plus particulièrement d’Heudicourt d’où sont originaires les familles DELAME, DESPAGNE, CLERY qui s’enracineront à Petit-Couronne et aux alentours.
Le Home du soldat Belge
Rouen, située près de la ligne front, accueille un grand nombre de réfugiés. 35 000 belges résident en Seine-Inférieure qui devient leur deuxième terre d’accueil après le département de la Seine. Pour faire face à cet afflux de population, de riches rouennais se mettent à la disposition des autorités. Gaston COUSIN est l’un d’entre eux. En 1914, ce riche industriel qui a fait fortune grâce à la Jouvence de l’abbé Soury,crée un hôpital d’une trentaine de lits dans sa propriété de Rouen.
En 1917, il achète le château du Rouvray pour y fonder un «home du soldat belge» semblable à celui de Sanvic près du Havre. Cette institution est destinée au repos et à la convalescence des soldats belges mais à l’été 1918, il héberge environ 50 vieillards en provenance d’hospices situés dans les zones de combat. Son fonctionnement est assuré par des subsides de la Croix Rouge américaine et par des dons en nature de Petit-Couronnais. Gaston COUSIN est promu officier de l’ordre de la Couronne de Belgique en 1921. L’année suivante, il vend sa propriété à la Société des Hauts Fourneaux qui y logera ses directeurs.
Les conséquences sur la ville
Le parrainage de Genvry (Oise)
Après la guerre, le gouvernement organise la solidarité entre les régions dévastées et celles éloignées du front afin de leur procurer des biens de première nécessité. Le département de la Seine-Inférieure est désigné pour adopter 102 communes de l’Oise. En décembre 1920, le Préfet lance un appel aux communes et 6 mois plus tard, il informe les municipalités de Petit-Couronne, La Bouille et Moulineaux qu’elles sont les communes filleules de Genvry situé dans l’arrondissement de Compiègne (Oise).
En juin 1922, Zéphir CAVELIER se rend sur place et assiste à la distribution des prix. A cette occasion les habitants demandent une bascule pour peser les produits que les fermiers vendent journellement. Sonépouse organise une quête pour venir en aide à l’église dont les offices religieux sont célébrés dans un baraquement de planches. L’année suivante, c’est le maire de Genvry, le docteur DUVIVIER, qui rend visite à Petit-Couronne.
Les Hauts Fourneaux
En 1913, un complexe sidérurgique est créé en bord de Seine à Grand-Quevilly loin des zones d’extraction du minerai et proche des lieux d’importation de matières premières. En 1914, la Société Anonyme des Hauts Fourneaux de Rouen commence la construction d’une usine. Le chantier est interrompu puis reprend en 1916 à la demande du Ministère de la Guerre. En août 1917,le 1er haut fourneau est mis en service.En 1930, la plupart des 870 salariés sont logés dans 8 cités bâties autour de l’usine et des cadres habitent la plupart des belles maisons situées le long dela route nationale à Petit-Couronne. Les directeurs successifs, Marie Emmanuel BRUNEL de BONNEVILLE et Yves O’DELANT, demeurent au château du Rouvray. L’usine ferme en 1967. Toutes les propriétés sont mises en vente par la société qui est dissoute en 1976.
Les Docks Flottants
Le traité de Paix est signé le 28 juin 1919 à Versailles.L’article 231 rend l’Allemagne responsable de la guerre. De lourdes réparations économiques lui sont imposées dont la livraison de matériel. C’est ainsi que 4 docks flottants sont livrés à la France et attribués au Port de Rouen au titre des dommages de guerre.
Le 1er, entré en service le 2 septembre 1921 suite au sabordage de la flotte allemande à Scapaflow en Ecosse, est installé provisoirement à l’extrémité du bassin au pétrole. En 1928, il rejoindra les 3autres installés à la darse des docks nouvellement creusée dans les prairies dePetit-Couronne. 2 d’entre eux ont été construits à Hamburg aux chantiers «dockbauges lischaft». Le 4 juillet, Le Président de la République, Gaston DOUMERGUE, remonte la Seine du Havre à Rouen à bord du contre torpilleur «jaguar». Sur son parcours, il procède à plusieurs inaugurations dont celle des docks flottants. Les chantiers de Normandie et duTrait, l’entreprise Lozai y installent leur atelier de réparation navale. En 1989, ils sont démolis et vendus au poids de la ferraille sauf un qui est transféré au bassin Saint-Gervais.